Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Jusqu'à la fin du 18e siècle, le chemin reliant Marans au Poitou se trouvait plus à l'ouest que l'actuelle route D137. Comme le montrent les plans de Masse et de Trudaine, l'itinéraire, en venant du nord, passait par les Grandes Alouettes, franchissait le canal de Vix au sud-ouest de cette ferme (à l'ouest des actuels ponts des Alouettes), puis serpentait à travers les marais à l'est des Enfreneaux. Il aboutissait au port de Marans (actuel bassin) par le chemin de halage prolongeant l'actuel quai Foch, sur la rive droite du bassin. Un autre chemin, en cul-de-sac, partait du nord de Marans, dans le prolongement de la rue de la Maréchaussée, pour rallier les moulins à eaux de la rivière du Moulin des Marais. Ce chemin, mentionné par Claude Masse en 1703 et 1716, aboutissait à un petit pont construit en 1747 sur la rivière (en aval du pont actuel, vers le confluent entre la rivière, le ruisseau de la Fragnée et le canal de Dérivation). Ce pont et le chemin figurent sur l'Atlas de Trudaine en 1749.

Dès 1768, les Ponts et chaussées entreprennent de construire une nouvelle voie à travers les marais pour désenclaver Marans et mieux relier le Poitou. Cette chaussée apparaît sur la carte du bassin de la Sèvre Niortaise par Jacques Parent, établie dès 1767, puis sur la carte du même territoire par Mesnager en 1818 (date à laquelle elle est abandonnée depuis longtemps ; le plan cadastral de 1820 n'en fait même pas état). Cette voie prend naissance au Contrebot de Vix, au sud-ouest des Grandes Alouettes (là où partait l'ancien itinéraire), et file en ligne droite en direction de la rivière du Moulin des Marais qu'elle franchit à l'aide du petit pont de 1747 (en aval du pont actuel). L'itinéraire emprunte ensuite l'ancien chemin entre ce pont et l'entrée nord de Marans par la rue de la Maréchaussée. Cette nouvelle chaussée est dénoncée dès le mois de décembre 1768 par tous les riverains, depuis le marquis d'Aligre jusqu'aux sociétés de marais desséchés en amont, car elle forme comme une digue, à peine percée de deux arches, empêchant les eaux d'amont de s'évacuer et augmentant l'effet des inondations en amont. Le fait est dramatiquement constaté lors des grandes inondations de 1770.

Cette chaussée s'avérant donc inopérante, voire contre-productive, une nouvelle grande route royale de Nantes à La Rochelle (actuelle D137) est construite à partir de 1782. Elle nécessite l'édification, en 1783-1784, de quatre ponts en bois par-dessus les canaux et cours d'eau franchis (le canal de Vix, le Contrebot de Vix, la rivière du Moulin des Marais et le ruisseau de la Fragnée). Le chantier est adjugé le 25 novembre 1783 à François Ravet, conducteur principal de travaux. La hauteur du tablier des ponts est calculée selon le niveau de l'inondation de 1770.

Pourtant, durant l'hiver 1808, une autre forte inondation engloutit une partie de cette route. Sa surélévation, nécessaire, est réalisée en 1812, avec par conséquent la reconstruction des quatre ponts, toujours en bois, et désormais accessibles par des rampes. Le projet en est établi les 18 mai et 23 juillet 1812 par l'ingénieur des Ponts et chaussées Alexandre Potel, qui prévoit pour la rivière du Moulin des Marais un pont en bois de cinq travées. Mais la reconstruction projetée est retardée par les événements de la fin de l'Empire et les besoins en matériaux pour la défense de La Rochelle face à un hypothétique débarquement ennemi. Les travaux ne sont adjugés que le 29 avril 1816 et durent jusqu'en 1818.

Les quatre ponts, dont celui permettant de traverser la rivière du Moulin des Marais, figurent sur le plan cadastral de 1820. Ce pont-ci, comme les trois autres, est reconstruit en 1840, en pierre : l'ouvrage de 1816, en bois, présentait en effet d'importants désordres du fait du pourrissement des matériaux, entreposés à l'air libre entre 1812 et 1816. En 1855, le pont est renforcé par des contreforts en pierre.

Le pont actuel a été édifié en 1950-1952.